Le Dr Valentina Serra-Holm est aujourd'hui basée à Stockholm, en Suède, mais son parcours a commencé dans une petite ville du nord de l'Italie où les rôles traditionnels des hommes et des femmes étaient fermement ancrés. "Étudier et être un intellectuel n'était pas vraiment quelque chose qui était encouragé", dit-elle. Mais cela ne l'a pas empêchée d'essayer. En fait, enfant, elle remplissait tellement sa commode de livres qu'elle s'est effondrée. À ce moment-là, les parents de Valentina ont réalisé que sa soif d'apprendre n'était pas une lubie et ils ont investi dans une étagère.

La frustration des parents face à son désir de briser le moule traditionnel provient d'une source qui peut être surprenante. Comme l'explique Valentina, "C'est ma mère qui avait cette vision bien ancrée de moi devenant une bonne femme au foyer. Mon père était plus ouvert d'esprit. Quand j'ai décidé d'étudier, il m'a soutenue et il n'a eu aucun problème à ce que je choisisse l'ingénierie. Grâce à lui, j'ai pu poursuivre quelque chose que j'aimais, quelque chose de technique. À partir de là, ma confiance a grandi".

L'enseignement technique présente également des défis en dehors du foyer. À son université, le bâtiment de l'ingénierie ne disposait que de toilettes pour hommes. Il fallait 15 minutes à pied pour aller de ses salles de classe aux installations pour femmes les plus proches, ce qui rendait impossible les allers-retours pendant les pauses.

Valentina attribue sa résistance et sa ténacité à ces premiers obstacles : "Grandir dans un environnement dominé par les hommes, étudier l'ingénierie en Italie, m'a forcé à développer une peau plus épaisse", dit-elle. Et elle considère cette peau plus épaisse comme essentielle lorsqu'elle évolue dans un monde non diversifié. "Ce n'est peut-être pas très populaire, mais ce sont surtout les femmes qui s'auto-limitent. Vous devez faire face aux préjugés. Si vous ne laissez pas cela vous atteindre, et que vous continuez à être qui vous êtes, alors le seul obstacle que vous avez est vous-même. Rien n'est parfait. On vous donne un certain nombre de compétences dans la vie, et c'est à vous de décider ce que vous voulez en faire. Au lieu d'être malheureux à cause d'un désavantage éventuel, vous devez simplement accepter la situation et ensuite élaborer une stratégie basée sur celle-ci".

En fait, le Dr Serra-Holm pense que la plupart des discriminations entre les sexes ne sont pas nécessairement intentionnelles et sont souvent simplement subconscientes. Elle donne un exemple récent, dans lequel un collègue présentait un groupe de visiteurs et mentionnait tous les noms et titres des hommes, mais pour la seule femme du groupe, il se contentait de donner son prénom. Il a été immédiatement corrigé par le Dr Serra-Holm, et lorsqu'il a été approché à ce sujet par la suite, il ne savait pas qu'il avait fait quelque chose de mal.

Donc, si nous acceptons l'hypothèse que les problèmes de diversité sont, dans l'ensemble, involontaires, la question est de savoir comment améliorer la situation. Valentina a quelques idées, et dit que, premièrement, le changement commence avec nous. "Quand mes enfants étaient plus jeunes, ma fille adorait jouer avec des tracteurs et des voitures miniatures, et mon fils adorait jouer avec des objets ménagers comme l'aspirateur. Laissez les gens être ce qu'ils sont. C'est à nous de façonner le monde que nous voulons, et si nous voulons plus de diversité dans des secteurs moins diversifiés, nous devons encourager les gens à poursuivre leurs domaines d'intérêt dès leur plus jeune âge.”

Deuxièmement, la politique gouvernementale est utile. Valentina a réussi à concilier vie professionnelle et vie familiale grâce au soutien du gouvernement suédois. Par exemple, la Suède offre un congé familial payé de 12 mois aux hommes et aux femmes, et les services de garde d'enfants sont peu coûteux. Cela permet aux femmes d'éviter d'avoir à choisir entre faire évoluer leur carrière et élever leur famille. Bien entendu, ce niveau de soutien n'existe pas dans tous les pays, mais de nombreuses entreprises adoptent des politiques de congé et des possibilités de garde d'enfants similaires. Dans les secteurs où le manque de diversité crée des défis, de telles politiques sont impératives.

Sur le troisième point : la résilience. "Si vous êtes très performant, vous êtes très performant, quel que soit votre sexe", déclare le Dr Serra-Holm. "Si être une femme était un désavantage, je ne l'ai pas remarqué parce que j'étais trop occupée à travailler".

Si vous êtes intéressé à en savoir plus sur ce sujet, veuillez télécharger notre rapport « Les hommes, les femmes et la négociation : Résumé »